F- Aìda
Spectacle finaliste du Premio Tuttoteatro.com Dante Cappelletti.
Dans un sous-sol où l’on égorgeait des cochons, dans la noirceur d’un isolement tout juste atténué par de vieux airs d’opéra, dans une solitude noire, Rocco-Aìda fait face à la dépouille son père, dans un récit qui jaillit comme une urgence, enfonce les digues, dégorge en une heure tout non-dit d’une vie.
Avec le mécanisme et la même nécessité qu’une tragédie grecque se déroule une histoire archaïque de guerres fratricides, de deuil et de larmes, entre familles issues d’une même terre à laquelle ils vont retourner. En raison de la haine qui rien ne sauve et tout dévore. Dans la voix de Rocco-Aìda, pourtant, scintille toujours un amour impossible pour un compagnon de jeu grimé en ennemi, à cause d’un esprit de femme cloîtré dans un corps d’homme, sans évasion possible.
La mise en scène de ce texte fait un pas supplémentaire dans la direction déjà prise avec Come un granello di sabbia (Comme un petit grain de sable, prix de la sélection In-box blu 2016). Elle conserve la mémoire du cheminement, sur presque deux décennies, d’une forme originale de théâtre narratif (monologue en forme dialoguée dans Il mondo è offeso, de plus en plus fragmenté dans les œuvres polyphoniques ultérieures, internes au récit, qui tissent des fresques narratives polychromes sur le corps et sur la voix d’un même acteur) et la fait évoluer vers une forme hybride où l’action et le rapport à l’espace et à la scène (de plus en plus complexes et menaçants, bien qu’il n’y ait qu’un seul acteur) représentent le corps même sur lequel repose l’histoire.